Un combat qui ne s’arrête pas au traitement
En 2022, le cancer du sein a provoqué 670 000 décès dans le monde, dont 12 000 en France. Une femme sur huit risque d’être touchée par ce cancer au cours de sa vie.
Grâce aux progrès médicaux, 80 % à 90 % des femmes diagnostiquées à un stade précoce dans les pays développés peuvent espérer une survie à long terme sans maladie. Avec l’augmentation du nombre de femmes ayant des antécédents de cancer du sein, il devient essentiel de traiter les effets à long terme des traitements.
Les Patients Reported Outcomes (PRO) ont été mis en place pour évaluer directement les ressentis des patientes sur la maladie, les traitements et leur qualité de vie, sans interprétation des professionnels de santé. Ces retours montrent que les patientes se préoccupent davantage des effets secondaires qui impactent leur quotidien et leur estime de soi, tandis que les médecins accordent plus d’importance aux critères cliniques.
Ainsi, nous allons voir les effets secondaires principaux de la chimiothérapie et les conseils à donner aux patientes. Ensuite, nous présenterons des associations prêtes à les accueillir pour améliorer leur quotidien.
Les effets secondaires de la chimiothérapie
Chute des cheveux
Lorsque les patientes classent par ordre d’importance les effets négatifs liés au cancer et aux traitements, l’alopécie arrive souvent en première place.
- Casque réfrigérant : selon le type de cancer et le protocole de chimiothérapie, un casque réfrigérant peut être proposé. Il réduit l’afflux sanguin dans le cuir chevelu, limitant ainsi la quantité de produit toxique affectant les cheveux.
- Perruques et alternatives : une perruque peut être conseillée aux patientes souffrant du regard des autres ou d’une baisse de l’estime de soi.
Nausées et vomissements
Les nausées surviennent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion et durent rarement plus de 72 heures. Elles ne s’accompagnent pas toujours de vomissements. Certaines patientes développent des nausées anticipatoires, déclenchées par l’anxiété du traitement.
- Mesures préventives : des médicaments antiémétiques sont souvent prescrits avant ou pendant la chimiothérapie.
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Conseils alimentaires :
- À faire : privilégier les aliments froids ou tièdes, manger plusieurs petits repas, boire des boissons gazeuses fraîches, notamment à base de cola.
- À éviter : les aliments lourds et difficiles à digérer (frits, gras, épicés), boire pendant les repas, le tabac.
Diarrhées
Certains traitements provoquent des diarrhées.
- Alimentation adaptée : privilégier les aliments pauvres en fibres (riz, pâtes, pommes vapeur, bananes bien mûres, gelée de coing, fromage à pâte cuite, biscottes, carottes).
Baisse des globules blancs, rouges et des plaquettes
La chimiothérapie peut affecter la moelle osseuse, entraînant :
- Une baisse des globules blancs (leucopénie, neutropénie, lymphopénie), augmentant le risque d’infection.
- Une baisse des globules rouges (anémie), entraînant pâleur et fatigue persistante.
- Une baisse des plaquettes (thrombopénie), augmentant le risque d’hématomes et de saignements.
Des prises de sang avant chaque cure permettent de surveiller ces taux. Si les valeurs sont trop basses, la chimiothérapie peut être reportée. Des facteurs de croissance ou des transfusions sanguines peuvent être nécessaires en cas de chute importante des globules blancs ou rouges.
Lésions de la bouche
La chimiothérapie peut fragiliser les muqueuses buccales, entraînant aphtes, rougeurs et douleurs (mucite ou stomatite).
- À faire : après les repas, réaliser des bains de bouche prescrits par le médecin, utiliser une brosse à dents souple, sucer des glaçons, boire beaucoup, privilégier les aliments moelleux ou mixés, hydrater les lèvres avec un lubrifiant gras.
- À éviter : les aliments favorisant les aphtes (noix, gruyère, ananas), les bains de bouche alcoolisés, le tabac, l’alcool, les aliments épicés, acides, secs ou croquants.
Troubles cutanés et syndrome main-pied
Certains traitements provoquent des rougeurs, plaques, dessèchement, ainsi que le syndrome main-pied (rougeurs, gonflement, sécheresse, cloques).
- À faire : appliquer régulièrement un agent hydratant, réaliser une manucure et une pédicure avant le traitement, porter des vêtements amples et des chaussures souples.
- À éviter : l’exposition des mains et pieds à la chaleur, les activités causant des frottements, les bandages serrés, la marche prolongée et la course à pied.
Modification des ongles
Les ongles peuvent devenir cassants et ondulés.
- Conseils : porter des chaussures confortables, utiliser des gants pour le jardinage et les travaux ménagers, couper les ongles courts, appliquer un vernis protecteur.
Troubles du cycle menstruel
La chimiothérapie peut causer des irrégularités ou un arrêt des règles, menant parfois à une ménopause. Une contraception non hormonale est recommandée pendant le traitement.
Autres effets secondaires
D’autres effets, moins fréquents, peuvent survenir :
- Troubles cardiaques (provoqués par les anthracyclines).
- Sensations d’engourdissement ou de fourmillements dans les mains et les pieds.
- Douleurs musculaires et articulaires (provoquées par les taxanes).
- Fatigue extrême.
- Réactions allergiques.
Associations accompagnant les patientes
Europa Donna France
Créée en 1998, cette association sensibilise, informe et soutient les femmes atteintes du cancer du sein. Elle organise des actions locales à travers six délégations régionales (Paris, Lyon, Bordeaux, Angers, Normandie, Pays de la Loire). Les bénévoles y tiennent des permanences, animent des « Café Donna » pour favoriser les échanges entre patientes et proposent des ateliers de socio-esthétique, des activités culturelles et sportives adaptées.
à retrouver sur : https://www.europadonna.fr/
RoseUp
Fondée en 2011 et agréée par le Ministère de la Santé, cette association accompagne et défend les droits des femmes touchées par tout type de cancer. Elle vise à redonner aux patientes les clés pour rester actrices de leur parcours de soins, pendant et après la maladie. RoseUp publie deux magazines par an et dispose de deux maisons d’accueil à Paris et Bordeaux.
à retrouver sur : https://www.rose-up.fr/?gad_source=1&gclid=Cj0KCQiAwOe8BhCCARIsAGKeD57O-ygXsaAnhXzrK06BE8aUNHRsXY8gQySABne8hVI9dTyHPagluYYaAq9YEALw_wcB
Skin
Fondée en 2012 à Paris, l’association Skin aide les femmes et les hommes touchés par le cancer à se reconstruire grâce à l’art et au sport. Elle met en place des binômes patients-artistes/sportifs pour créer des œuvres et des performances. L’objectif est de recréer du lien, aider les patients à se projeter et à se réinventer après la maladie.
à retrouver sur : https://associationskin.org/
Conclusion
Le cancer du sein ne se résume pas à son traitement médical. Les effets secondaires impactent fortement la qualité de vie des patientes. Une prise en charge globale, incluant des conseils adaptés et le soutien d’associations, permet d’améliorer leur bien-être tout au long du parcours de soins et après la maladie.